8. Préparation du retour

(09/04/2023) Par Florence

Après avoir longuement réfléchi depuis mi-mars au scenario de notre retour et avoir passé plusieurs semaines dans l’inconfort lié à l’attente d’une possible vente, nous avons enfin pris notre décision dimanche dernier, le 2 avril. Nous avions dans un premier temps espéré vendre le bateau ici, puis les enfants n’ayant pas envie de faire la traversée retour, nous avions aussi envisagé que Pierre rentre avec des équipiers (solution peu satisfaisante puisqu’entraînant encore une longue séparation). Finalement, après avoir beaucoup hésité, le visionnage de quelques vidéos d’autres équipages racontant leur traversée nous a convaincus. C’est décidé : nous allons faire la traversée retour en famille. Maintenant nous nous en sentons capables  et nous sommes tous motivés, et soulagés par cette décision. Nous préférons vivre ces moments forts ensemble et boucler la boucle pour terminer notre projet en beauté !

Et plutôt que de préparer le bateau à Saint-Martin une ou deux semaines avant le départ, nous avons préféré changer notre programme et rester une semaine de plus en Guadeloupe, pour mieux profiter ensuite de la fin du voyage et être rapidement prêts à partir dès qu’une fenêtre météo se présentera, fin avril ou début mai.

Nous sommes donc restés à Port-Louis, petit port de pêcheurs un peu hors du temps, sans eau ni électricité, où le fond est ensablé par endroits ce qui en limite l’accès pour les voiliers. En remontant la dérive et le safran, nous avons pu nous amarrer à l’ancien ponton prévu pour les gros bateaux et nous n’avons rien eu à payer pour les quelques nuits passées là.

Sur le ponton de Port-Louis, mesurage de la chaîne

La semaine a donc été consacrée à la préparation du bateau, d’un point de vue technique d’abord. Des allers-retours quotidiens entre Port-Louis et Point-à-Pitre pour, entre autres choses, faire réviser le vérin du pilote automatique et acheter le nécessaire pour améliorer plusieurs points : changement des filières (les câbles qui ceinturent le pont du bateau, afin de s’y accrocher pour se déplacer et empêcher une chute à l’eau), changement des drosses de la barre à roue (les câbles de commande qui transmettent les mouvements de la barre à roue au safran), changement des écoutes du génois (cordages permettant de dérouler et régler le génois) et de la drisse de la grand voile (cordage permettant de hisser la grand voile), …. Nous avons également démonté et révisé tous les winchs (treuils placés sur le pont qui permettent de démultiplier la traction exercée sur les cordages) et  profité du grand ponton désert, occasion rare, pour sortir l’ancre, dérouler les 45 mètres de chaîne et y remettre des repères tous les cinq mètres.

Au ponton de Port-Louis, remplissage de la cuve d’eau

Concernant l’avitaillement, nous avons trouvé des bidons de dix litres gratuits sur Le bon coin (ayant contenu de la vanille ou de la cannelle), qui nous permettront d’augmenter notre autonomie en eau pour l’eau des cuves (cent litres de plus), et en gasoil (cent litres de plus aussi). En effet, il faut envisager si on se retrouve coincé dans l’anticyclone des Açores d’avoir plusieurs jours sans vent pendant lesquels il faut pouvoir mettre le moteur. N’ayant pas d’eau au port, nous avons déjà eu l’utilité de ces bidons, que nous avons remplis plusieurs fois au cimetière de Petit-Canal, pour refaire le plein du bateau. Deux cents litres à remplir, une activité en soi ! Et nous en avons profité pour augmenter notre autonomie dès maintenant en repartant avec tous les bidons pleins.

Enfin, nous avons préféré commencer ici aussi l’avitaillement en denrées non périssables. Il faut compter pour la traversée entre Saint-Martin et les Açores entre 20 et 28 jours, et prévoir une autonomie supplémentaire d’une dizaine de jours en cas de problème technique. Pour quatre personnes, cela fait donc de très grosses quantités d’eau et de nourriture à transporter, mais Joan regorge de recoins insoupçonnés qui permettent d’optimiser le rangement. Il nous restera encore à acheter tous les produits frais et une quinzaine de packs d’eau minérale (!) pour doubler nos réserves actuelles en eau de boisson. Autant dire que nous serons bien chargés au départ de la transat !

Après cette semaine de transition efficace, nous allons enfin poursuivre, plus sereinement, notre périple vers Antigua.